
Au creux des montagnes pyrénéennes, à 1656 mètres d’altitude, se love un joyau aquatique dont la beauté sereine mérite amplement les efforts consentis pour l’atteindre. Le lac du Plaa de Prat, cette étendue d’eau cristalline enchâssée dans un écrin de verdure alpine, offre aux randonneurs en quête d’authenticité un but d’excursion particulièrement gratifiant. Situé dans le majestueux Parc National des Pyrénées, ce lac d’altitude figure parmi ces trésors naturels encore préservés du tourisme de masse, ce qui en fait une destination privilégiée pour qui souhaite s’immerger dans une nature intacte, loin de l’agitation des sites plus fréquentés.
Le lac du Plaa de Prat : C’est quoi ?

La région du Val d’Azun, dans les Hautes-Pyrénées, recèle nombre de merveilles paysagères dont ce lac constitue l’un des plus beaux fleurons. Contrairement au lac d’Estaing, point de départ de notre randonnée et souvent bondé durant la période estivale, les berges du Plaa de Prat conservent une quiétude appréciable, même au cœur de l’été. Cette différence notable d’affluence s’explique par les quelques heures de marche nécessaires pour rejoindre ce havre de paix, un effort modéré mais suffisant pour décourager les promeneurs occasionnels. Le charme du lac du Plaa de Prat réside également dans son caractère intimiste. Si certains grands lacs pyrénéens impressionnent par leur ampleur, celui-ci séduit par ses dimensions plus modestes, créant une atmosphère presque confidentielle. Les paysages environnants, composés de pâturages d’altitude verdoyants et de reliefs montagneux aux lignes douces, complètent harmonieusement ce tableau bucolique, offrant aux photographes amateurs comme aux contemplatifs des perspectives saisissantes sur les beautés naturelles des Pyrénées centrales.
Une immersion dans les paysages préservés du Val d’Azun
La vallée du Val d’Azun constitue l’une des plus authentiques portes d’entrée vers les splendeurs des Pyrénées. Moins connue que certaines de ses voisines comme la vallée de Gavarnie ou celle de Cauterets, elle a su préserver son caractère pastoral et son architecture traditionnelle. Les villages de pierre blonde, les granges centenaires et les chapelles romanes ponctuent un paysage où l’activité agropastorale demeure vivace, perpétuant des traditions séculaires. La randonnée vers le lac du Plaa de Prat permet de s’immerger progressivement dans cet environnement montagnard préservé. Au fil de l’ascension, le randonneur délaisse peu à peu les zones forestières pour gagner les estives – ces pâturages d’altitude où, durant l’été, paissent vaches et brebis. Le tintement des clarines, le vol majestueux des rapaces et le murmure des torrents composent la bande-son naturelle de cette échappée belle au cœur d’une nature généreuse. L’itinéraire vers le lac traverse plusieurs zones écologiques distinctes, offrant une véritable leçon de botanique à ciel ouvert. La diversité floristique s’avère particulièrement remarquable, avec ses rhododendrons, gentianes et autres fleurs alpines qui, selon la saison, parent les versants de couleurs éclatantes. La faune, bien que discrète, se laisse parfois observer : isards bondissants, marmottes vigilantes ou rapaces majestueux récompensent l’œil attentif du marcheur respectueux.
Un joyau aquatique qui mérite le détour
Le lac lui-même constitue une véritable récompense après l’effort. Sa superficie modeste – on pourrait presque parler d’un grand laquet plutôt que d’un lac – contraste avec l’intensité du bleu de ses eaux, dont la teinte varie selon la luminosité ambiante. Tantôt d’un bleu profond par temps couvert, tantôt scintillant sous les rayons du soleil, le lac offre un spectacle changeant au fil des heures et des conditions météorologiques. Les berges du lac, tapissées d’herbe rase, invitent à la halte contemplative. S’y attarder quelques heures permet d’apprécier pleinement la sérénité absolue qui règne en ces lieux. Le seul bruit perceptible demeure souvent celui du vent caressant la surface de l’eau ou sifflant entre les rochers environnants. Cette quiétude rare constitue peut-être le plus précieux des trésors offerts par ce site d’exception. Pour les plus téméraires, une baignade revigorante dans les eaux fraîches du lac représente une expérience inoubliable, quoique réservée aux organismes résistants – la température de l’eau demeurant particulièrement fraîche même au cœur de l’été. Les autres se contenteront de tremper leurs pieds fatigués dans cette eau cristalline, profitant de ce massage naturel pour se délasser après l’effort de la montée.
Caractéristiques de la randonnée

L’excursion vers le lac du Plaa de Prat s’inscrit dans la catégorie des randonnées de difficulté modérée, accessibles à la majorité des marcheurs disposant d’une condition physique moyenne. Sans présenter de passages techniques nécessitant une expertise particulière en alpinisme, cette sortie requiert néanmoins une certaine endurance et une préparation minimale. Le dénivelé positif de 493 mètres constitue le principal défi à surmonter, mais la progression régulière du sentier, sans sections excessivement abruptes, permet d’absorber cette élévation sans souffrance excessive. La distance totale d’environ 12 kilomètres aller-retour représente une sortie d’une journée complète pour la plupart des randonneurs. En comptant les pauses nécessaires – observation du paysage, pique-nique, moments contemplatifs au bord du lac – il convient de prévoir entre 6 et 7 heures pour profiter pleinement de cette escapade montagnarde. Les 4h45 de marche effective mentionnées dans les descriptifs correspondent au temps de progression pure, sans inclure les arrêts. Le sentier emprunté bénéficie d’un entretien régulier et d’un balisage satisfaisant, ce qui limite les risques d’égarement. Toutefois, comme pour toute randonnée en montagne, il demeure indispensable de s’équiper d’une carte topographique et, idéalement, d’un dispositif GPS ou d’une application dédiée. Les conditions météorologiques peuvent rapidement évoluer en altitude, et un brouillard soudain peut considérablement compliquer l’orientation sur le retour.
Une progression en plusieurs étapes distinctes
L’ascension vers le lac du Plaa de Prat se décompose en plusieurs segments aux caractéristiques bien différenciées, offrant une diversité de paysages et d’ambiances qui constituent l’un des principaux attraits de cette randonnée. La première partie du parcours, depuis le lac d’Estaing jusqu’au Pont de Plasi, emprunte une large piste forestière à la pente douce. Cette section initiale permet un échauffement progressif des muscles et une acclimatation en douceur à l’effort qui s’intensifiera par la suite. Après le franchissement du Pont de Plasi, situé à 1323 mètres d’altitude, le sentier s’élève plus franchement à travers une forêt mixte de hêtres et de sapins. L’ombre bienfaisante des arbres centenaires offre une protection appréciable contre l’ardeur du soleil estival. La fraîcheur relative qui règne sous ces frondaisons constitue un véritable soulagement lors des journées caniculaires. Le sous-bois, tapissé de mousses et de fougères, dégage une atmosphère presque féerique que les amateurs de photographie ne manqueront pas de capturer. La sortie de la zone boisée marque l’entrée dans un vallon plus ouvert annonçant l’approche du plateau de la Cétira, situé à 1591 mètres d’altitude. Ce plateau herbeux, parsemé de rochers granitiques aux formes tourmentées, offre un premier panorama saisissant sur les sommets environnants. C’est également à ce niveau que l’on franchit officiellement les limites du Parc National des Pyrénées, comme en témoigne le panneau rappelant la réglementation en vigueur dans ce sanctuaire naturel.
Des difficultés mesurées pour une satisfaction maximale
Bien que classée dans la catégorie des randonnées « faciles », cette excursion requiert néanmoins une préparation minimale et un équipement adapté. Le terme « facile » peut s’avérer trompeur pour les néophytes : il signifie simplement l’absence de passages techniques nécessitant des compétences spécifiques en alpinisme, mais n’exclut pas un certain niveau d’effort physique. Les 493 mètres de dénivelé positif représentent l’équivalent d’un immeuble de 160 étages qu’il faudrait gravir progressivement ! La progression s’effectue sur un sentier bien tracé mais parfois caillouteux, particulièrement dans sa partie finale. Des chaussures de randonnée montantes, offrant un bon maintien de la cheville, constituent donc un élément indispensable de l’équipement. Même en plein été, la météo peut se montrer capricieuse en altitude, et un équipement permettant de faire face à une averse soudaine ou à une chute de température demeure indispensable. L’altitude modérée du lac (1656 mètres) limite considérablement les risques liés au mal aigu des montagnes, problématique qui concerne davantage les sommets dépassant les 2500 mètres. Toutefois, les personnes non acclimatées à l’effort en altitude pourront ressentir un essoufflement plus prononcé que lors de leurs marches habituelles. Un rythme adapté et des pauses régulières permettront à chacun de trouver son tempo et de profiter pleinement de l’expérience sans souffrance excessive.
Itinéraire détaillé

Le point de départ de cette magnifique randonnée se situe au lac d’Estaing, accessible en voiture depuis la vallée. Ce lac de barrage, niché à 1163 mètres d’altitude, constitue déjà en soi une attraction touristique majeure de la région.
Durant la saison estivale, son accès aisé en fait un lieu particulièrement prisé des visiteurs, et il sera judicieux d’arriver tôt le matin pour s’assurer une place de stationnement à proximité immédiate du départ du sentier. Le lac lui-même, avec ses eaux d’un bleu profond reflétant les sommets environnants, mérite qu’on s’y attarde quelques instants avant d’entamer l’ascension vers notre objectif final. L’itinéraire débute par la traversée du Gave de Labat via le pittoresque Pont du Pescadou. Ce petit pont de pierre traditionnelle, dont le nom évoque en occitan les pêcheurs qui fréquentaient jadis ces lieux, marque véritablement l’entrée dans l’aventure. Une fois ce cours d’eau franchi, le sentier emprunte une large piste forestière au revêtement confortable et à la pente modérée. Cette première section permet une mise en jambes progressive, idéale pour s’échauffer sans forcer excessivement sur les articulations et les muscles encore froids. Au fil de la progression, la large piste initiale cède progressivement la place à un sentier plus étroit mais parfaitement tracé dans le paysage. La végétation environnante évolue également, offrant un véritable condensé des différents étages de végétation caractéristiques des Pyrénées. Les premiers kilomètres traversent une forêt mixte où se côtoient feuillus et conifères, créant une ambiance fraîche et ombragée particulièrement appréciable lors des chaudes journées d’été.
Du pont de Plasi au plateau de la Cétira : l’effort s’intensifie
Après environ une heure de marche à rythme modéré, le sentier atteint le Pont de Plasi, modeste ouvrage enjambant un torrent de montagne aux eaux vives et cristallines. Ce point, situé à 1323 mètres d’altitude, marque la fin de la phase d’échauffement et le début d’une section plus exigeante physiquement. La pente s’accentue notablement à partir de cet endroit, et le sentier commence à serpenter plus franchement à travers la forêt.
Cette portion intermédiaire traverse une superbe hêtraie-sapinière caractéristique de l’étage montagnard pyrénéen. Les hêtres centenaires, avec leurs troncs gris argenté et leurs branches tortueuses couvertes de lichens, créent une atmosphère presque mystique. La lumière filtrée par la canopée projette sur le sentier des motifs mouvants d’ombre et de lumière, tandis que le sol spongieux, couvert d’un épais tapis de feuilles mortes, amortit agréablement les pas du randonneur. La sortie progressive de la zone forestière constitue l’un des moments forts de l’ascension. Le paysage s’ouvre soudainement, dévoilant les premiers panoramas véritablement montagnards de l’itinéraire. L’arrivée sur le plateau de la Cétira, situé à 1591 mètres d’altitude, offre une première récompense visuelle après l’effort soutenu de la montée en forêt. Ce plateau herbeux, parsemé de blocs erratiques et agrémenté de quelques bosquets d’arbres rabougris par les conditions climatiques rigoureuses, marque également l’entrée officielle dans le Parc National des Pyrénées.
Du plateau de la Cétira au lac du Plaa de Prat : l’approche finale
Le plateau de la Cétira constitue un excellent point de pause intermédiaire. Les vues dégagées sur la vallée en contrebas et sur les sommets environnants invitent à la contemplation et justifient amplement une halte pour reprendre son souffle et s’hydrater convenablement. C’est également à cet endroit que se trouve un panneau rappelant la réglementation spécifique en vigueur dans l’enceinte du Parc National : interdiction des chiens, même tenus en laisse, respect absolu de la faune et de la flore, interdiction de cueillette et obligation de remporter tous ses déchets. Au-delà du plateau, le sentier poursuit sa progression en pente douce à travers un vallon d’altitude typiquement pyrénéen. La végétation, désormais caractéristique de l’étage subalpin, se compose principalement d’une pelouse rase ponctuée de rhododendrons, de myrtilliers et de diverses plantes alpines dont les floraisons colorées égaient le paysage de juin à août. Selon la période de l’année, ce véritable jardin naturel offre un spectacle chromatique remarquable qui ravira les amateurs de botanique.
L’itinéraire longe ensuite le petit lac de Langle, modeste étendue d’eau parfois asséchée en fin de saison estivale. Ce laquet intermédiaire préfigure la proximité de notre objectif final. Une dernière montée en pente douce conduit finalement au lac du Plaa de Prat, niché dans son écrin de verdure à 1656 mètres d’altitude. L’arrivée en vue du lac constitue invariablement un moment d’émerveillement, particulièrement lorsque les conditions météorologiques permettent à ses eaux de refléter l’azur du ciel et les reliefs environnants, créant un tableau naturel d’une beauté saisissante.
Informations pratiques

Pour profiter pleinement de cette randonnée dans les meilleures conditions possibles, quelques informations pratiques s’avèrent indispensables. L’accès au point de départ constitue la première étape logistique à planifier soigneusement. Depuis les localités principales des Hautes-Pyrénées comme Lourdes, Argelès-Gazost ou Tarbes, il convient de rejoindre d’abord le charmant village d’Arrens-Marsous, véritable porte d’entrée du Val d’Azun. De là, suivre la direction du village d’Estaing en empruntant la route qui franchit le pittoresque Col des Bordères, puis continuer sur la D103 jusqu’au lac d’Estaing, terminus de la route carrossable et point de départ de notre randonnée. La période idéale pour entreprendre cette excursion s’étend généralement de juin à octobre, avec une préférence pour les mois de juillet et août qui offrent les meilleures probabilités de conditions météorologiques favorables. Avant juin, la présence de névés sur les parties supérieures du parcours peut compliquer significativement la progression et nécessiter un équipement spécifique. Après octobre, les premières chutes de neige peuvent rendre l’itinéraire impraticable sans équipement hivernal adapté. Concernant le stationnement, un parking aménagé existe à proximité immédiate du lac d’Estaing, mais sa capacité limitée se révèle souvent insuffisante durant les pics de fréquentation estivale, particulièrement les week-ends et jours fériés. Arriver tôt le matin (avant 9h) maximise les chances de trouver une place. En cas de parking complet, des possibilités de stationnement alternatives existent en aval, impliquant toutefois une marche d’approche supplémentaire de quelques centaines de mètres.
Équipement nécessaire pour une randonnée confortable et sécurisée
Bien que considérée comme « facile » d’un point de vue technique, cette randonnée nécessite néanmoins un équipement adapté aux spécificités du milieu montagnard. Les chaussures de randonnée à tige montante, offrant un bon maintien de la cheville et dotées d’une semelle antidérapante, constituent l’élément fondamental de cet équipement. Les terrains parfois irréguliers ou caillouteux de l’itinéraire rendent déconseillé l’usage de simples baskets ou, pire encore, de sandales. Le sac à dos doit contenir plusieurs éléments indispensables : une réserve d’eau conséquente (minimum 1,5 litre par personne, davantage lors des journées chaudes), des provisions énergétiques pour le pique-nique et les collations, une trousse de premiers secours basique, une couverture de survie, un téléphone portable chargé (bien que la couverture réseau puisse s’avérer capricieuse en certains points du parcours) et une lampe frontale en cas de retour tardif imprévu. Les vêtements doivent être sélectionnés selon le principe des couches superposables, permettant une adaptation facile aux variations de température fréquentes en montagne. Même en plein été, une veste imperméable légère et un vêtement chaud type polaire s’avèrent indispensables, la météo pouvant changer rapidement avec l’altitude. Un chapeau ou une casquette, des lunettes de soleil et une crème solaire à indice de protection élevé complètent utilement cet équipement, la réverbération du soleil s’intensifiant avec l’altitude.
Réglementation spécifique du Parc National à respecter scrupuleusement
La randonnée vers le lac du Plaa de Prat traverse partiellement le territoire du Parc National des Pyrénées, espace naturel protégé soumis à une réglementation spécifique visant à préserver ses écosystèmes remarquables. Le plateau de la Cétira marque précisément l’entrée dans ce sanctuaire naturel, matérialisée par des panneaux d’information détaillant les règles en vigueur. Parmi les restrictions les plus significatives figure l’interdiction totale des chiens, même tenus en laisse. Cette mesure, parfois mal comprise par les propriétaires d’animaux domestiques, vise à protéger la faune sauvage, particulièrement les troupeaux d’isards dont l’odeur des canidés peut perturber gravement le comportement. Les randonneurs accompagnés de leur fidèle compagnon devront donc se limiter à la partie inférieure de l’itinéraire, en deçà du plateau de la Cétira. D’autres règles élémentaires s’appliquent également : interdiction de cueillir plantes et fleurs (même les plus communes), prohibition du camping sauvage et des feux, obligation de remporter tous ses déchets, respect absolu de la tranquillité des lieux (éviter les bruits excessifs), interdiction de sortir des sentiers balisés dans certaines zones sensibles. Ces contraintes, loin d’être arbitraires, participent à la préservation d’un patrimoine naturel exceptionnel dont nous ne sommes que les visiteurs temporaires.